FILMOGRAPHIE
Réalisateur, Scénariste, Producteur Exécutif, Monteur
Né à New York, dans le Bronx, George A. Romero s’installe très tôt à Pittsburgh, Pennsylvanie, une ville qu’il ne quittera plus au point d’y tourner presque tous ses films, et qui deviendra le symbole de son indépendance vis-à-vis des deux principaux pôles de la production cinématographique aux États-Unis, New York et surtout Los Angeles. Adolescent passionné de bandes dessinées (les fameux « E.C. Comics » qu’il adaptera par la suite à l’écran) et de cinéma fantastique, Romero tourne ses premiers films avec une caméra super 8 et s’initie à la technique cinématographique lors de ses années à la Faculté.
Il réunit quelques camarades autour de lui et fonde en 1961 la société « Latent Image », qui produit sur la région des messages publicitaires, des films industriels et des programmes de télévision. En quelques années, Romero apprend sur le terrain toutes les ficelles du métier, jouit d’une indépendance artistique totale et acquiert une expérience professionnelle particulièrement variée (« Latent Image » produit aussi bien des reportages sur des campagnes politiques que des films publicitaires sophistiqués).
En 1967, Romero envisage de franchir le cap du premier long-métrage pour le cinéma. « Latent Image » s’associe à une autre compagnie publicitaire et devient « Image Ten ». En bon connaisseur de science-fiction littéraire, Romero écrit avec John Russo un scénario original mais qui s’inspire du roman Je suis une Légende de Richard Matheson et tourne avec une équipe réduite et des comédiens semi-professionnels. Le film, La Nuit Des Morts Vivants, tourné avec un budget de 114 000 dollars, en rapporte 5 millions. Il demeure un des films indépendants les plus rentables jamais produit. Bizarrement, des problèmes juridiques empêcheront Romero de profiter de ce triomphe et La Nuit Des Morts Vivants ne lui rapporte pas beaucoup d’argent. Il tourne à nouveau des publicités et en 1971 réalise There’S Always Vanilla, un drame psychologique: une rock star, lasse des tournées, décide de mettre fin à sa carrière et rentre chez elle. Mal préparé, le film s’avère une catastrophe financière et artistique, invisible depuis sa sortie très confidentielle aux États-Unis, au grand soulagement du principal intéressé.
Après Season Of The Witch et The Crazies, La Nuit Des Fous Vivants en 1973, qui sont eux aussi des déconvenues commerciales, Romero réalise Martin (1976), un de ses meilleurs titres.
Dans Zombie (Dawn of the Dead, 1978), la suite de La Nuit Des Morts Vivants, un groupe de survivants, trois hommes et une femme, fuit la ville et se réfugie dans un centre commercial désaffecté, bientôt cerné par les zombies. Second volet de la trilogie de George A. Romero consacrée aux morts-vivants, Zombie est un titre essentiel du nouveau cinéma fantastique des années 70, et le chef-d’œuvre indiscutable du cinéma “gore”. Produit par l’Italien Dario Argento, en couleurs et avec une surenchère d’effets spéciaux sanglants (conçus par le spécialiste Tom Savini), Zombie entérine la rage de Romero contre la société de consommation et l’anonymat aliénant de l’urbanisme moderne.
Après ce succès international (sauf en France où le film est totalement interdit par la censure giscardienne puis « libéré » à l’arrivée du gouvernement socialiste), Romero réalise le très beau Knightriders (1981), film maudit de sa carrière. Délaissant le fantastique, Romero imagine les pérégrinations d’une troupe itinérante de motards qui vit selon le code de la chevalerie et organise des spectacles inspirés de la Légende de la Table Ronde. Ce qui ne constitue pour certains qu’une forme dévoyée et dérisoire de « Show business » représente au contraire pour le directeur de la troupe (l’intense Ed Harris) un véritable art de vivre.
Dépourvu de la dimension politique et sociologique des meilleurs films de Romero, Creepshow (le Film Monstre) (1982) est un hommage à l’esthétique et à l’esprit des « E. C. Comics », ces bandes dessinées horrifiques des années 50 et 60 qui ont construit l’imaginaire de plusieurs générations de garçons américains passionnés de fantastique et de science-fiction, parmi lesquels Stephen King (scénariste et acteur dans Creepshow), le maquilleur Tom Savini et Romero lui-même. Le cinéaste adapte à l’écran de façon convaincante les couleurs criardes, les situations macabres et les silhouettes grotesques caractéristiques des « E. C. Comics », dans cinq sketches inégaux reliés par des intermèdes animés.
Le Jour Des Morts Vivants (Day of the Dead, 1985), après La Nuit Des Morts Vivants et Zombie, clôt la trilogie horrifico-politique de George Romero. Les amateurs des scènes sanglantes qui firent la réputation de ce cinéaste trouvèrent le film trop bavard et sérieux. Ils avaient tort. Romero, grâce à qui le « gore » pense, filme une nouvelle fois un groupe assiégé : à la maison de La Nuit… Mais surtout, Romero inverse les données de ses films précédents : le futur de l’humanité est désormais dans le camp des zombies, et l’animalité dans celui des derniers vivants.
Romero réalise deux films pour la firme Orion, alors proche de la faillite. Incidents De Parcours (Monkey Shines,1988) et La Part Des Ténèbres (The Dark Half, 1992, d’après Stephen King) pâtirent des problèmes financiers de la société, qui saborda leur post-production et leur distribution. Incidents de parcours demeure pourtant un grand film, dans lequel Romero questionne une nouvelle fois les rapports entre l’humanité et l’animalité, la frontière qui sépare le réflexe de la conscience. En 2000, après huit ans d’inactivité, Romero parvient à mettre en scène Bruiser, un film à tout petit budget lointainement inspiré d’un conte d’Hoffmann et de « La Métamorphose » de Kafka. Un employé de bureau timoré se réveille un matin le visage effacé, ses traits remplacés par un masque lisse et crayeux. Il décide de prendre sa revanche sur la société, et plus particulièrement sa compagne infidèle et son patron tyrannique.
À la fin de l’année 2001, l’œuvre de George A. Romero a fait l’objet d’une rétrospective complète au Festival de Turin, reprise à la Cinémathèque française à Paris. Ce fut l’occasion pour les fans de la première heure et les nouvelles générations de cinéphiles de découvrir bon nombre de films rares et inédits et de vérifier la modernité d’un cinéaste franc-tireur, son ancrage dans la contre-culture américaine. En 2005, il réalise Land Of The Dead (le Territoire Des Morts), et il joue son propre rôle dans Midnight Movies de Stuart Samuels.
En 2006, Georges A. Romero revient doucement au cinéma sur une pièce maîtresse de sa collection : La Nuit Des Morts Vivants complété par un nouveau traitement sur l’image et sur les effets visiuels.
Et c’est durant cette année réputée charnière pour le réalisateur qu’il retrouve son roublardise et son franc parler, sur des scénarios mieux tournés et davantage cinglant. Diary Of The Dead – Chronique Des Morts d’abord, où il met en place des acteurs inconnues et un tantinet ordinaires, puis Day Of The Dead l’année suivante.
Les deux films marquent le retour du maître sur le devant d’une scène qu’il avait quelque peu délaissée.
L’année 2009, il fait marche arrière sur les fondement de son projet Diary Of The Dead – Chroniques Des Morts Vivants, avec un nouveau film horrifique intitulé Diary Of The Dead Sequel